Ce séminaire, conçu et organisé depuis l'année universitaire 2003-2004 par Agnès Callu au sein de l'École nationale des chartes, est double dans sa forme comme ses contenus. Il développe un programme de recherche puisqu'il entend analyser un objet et/ou un champ historique : Mai 68 et les intellectuels, réflexion qui s'insère dans un axe d'analyse globale sur "Les intellectuels : culture, action et création, 1945-1975". Il propose un enseignement de méthode (niveau master/doctorat) sur une discipline de confluence : "l'histoire orale". La spécificité et l'intérêt de la démarche réside dans l'examen de l'interaction des concepts : en quoi l'histoire orale permet-elle de reconvoquer un Mai 68 vécu et mis en narration a posteriori par des historiens et des décideurs politiques ? Comment Mai 68, bousculant les sciences sociales, propulse-t-il, pour citer René Rémond, empruntant lui-même le terme à Michel de Certeau, "tout ce qui se rattache à la prise de parole" ? De la sorte, le débat s'engage autour de deux mouvements : le décryptage du discours rétrospectif livré par des témoins oculaires et acteurs qui, guidés par leurs schémas de connaissance et d'interprétation, savent évaluer les processus historiques sur le temps long ; l'examen épistémologique du témoignage, enregistré ou filmé, vecteur du récit, analysé "à chaud" par ceux-là même qui le construisent.