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La mélodie de cet alleluia est remarquable par sa transmission variée. Karl Schlager la donne d’après le Graduel de Saint-Yrieix, Paris BnF lat. 903, f° 96v qu’il transcrit en sol mais elle existe aussi sur ut et, plus tardivement selon Schlager, sur fa. La version du Graduel de Bellelay est en mode de fa mais l’analyse du mode est, ici, particulièrement intéressante.

Le Graduel prémontré de Saint-Etienne à Arne, Paris, BnF lat. 833 donne cet alleluia en mode de fa transposé à la quarte grave sur C comme le montre la comparaison des répons dans ces deux versions.

répons 1 Laus tibi, Bellelay f. 43 répons 2 Laus tibi, Bellelay f. 43
répons Laus tibi, Bellelay f.43

répons Laus tibi, Lat. 833 f° 10v
répons Laus tibi, Lat.833 f° 10v.

Cette transposition à la quarte grave est également celle adoptée par le Graduel Romain aujourd’hui.

La leçon du Graduel de Bellelay est donc réellement écrite sur fa mais le si reste naturel, sans aucune indication. Est-il compris bémol de manière évidente ou bien est-il chanté bécarre ? La première solution (un si bémol sous-entendu) semble préférable au regard de la comparaison avec la version transposée du Graduel d’Arne qui indique sans équivoque la place du mi-fa. C’est d’ailleurs sans doute pour cette raison qui évite toute ambiguïté mélodique sur une quarte ascendante un peu périlleuse que la transposition à la quarte grave a été effectuée. Si l’on chante avec le si bémol, les deux versions sont identiques  hormis les petites différences ornementales. Notons que dans le Graduel d’Andenne (Andenne 1), la mélodie est également sur fa comme à Bellelay avec un si bémol noté partout.

Il faut encore remarquer dans un même office comment deux pièces dans le même mode (5ème mode) - mais avec chacune une histoire liée à son genre propre- sont diversement interprétées.

Dans le Graduel prémontré Paris BnF lat. 833, comme dans le Graduel romain actuel, le graduel  Anima nostra est en mode de fa sur fa avec un ce mouvement de quarte grave vers ut que la leçon de Bellelay a préféré transposer à la quarte supérieure en la plaçant sur si bémol. Dans le second cas, ce sont les deux premiers témoins cités qui transposent à la quarte grave et non Bellelay.

Olivier Cullin