La communion Aufer a me fait l’objet d’une transposition multiple.
Comparée à une version grégorienne, la mélodie prémontrée est tout d’abord transposée à la quinte.
Incipit, Graduel de Bellelay
Incipit, Graduel de Saint-Yrieix (Paris, Bibliothèque Nationale de France 903, f° 252)
A partir d’-exquisivi où un bémol est noté, le restant de la pièce est transposé à la quarte.
-Exquisivi, Graduel de Bellelay
-Exquisivi, Graduel de Saint-Yrieix, f° 252
La solmisation est identique pour toutes les versions. Pourtant, l’interprétation hexacordale varie : la version grégorienne se lit globalement dans l’hexacorde par nature alors que la version prémontrée commence dans l’hexacorde par « b carré » et finit dans celui par bémol.
Dans la version du Graduel de Bellelay, les passages transposés à la quinte ou à la quarte ne modifient pas le profil mélodique. Si ces transpositions sont envisagées indépendamment l’une de l’autre, la place du demi-ton mi-fa est toujours respectée. C’est la coordination des deux au sein d’une même pièce qui la rend originale.
Cette communion s’inscrit difficilement dans l’octoechos. Initialement en deuxième mode, la mélodie est ici transposée sur G. Si la mention du bémol inscrit la fin de la pièce dans ce cadre modal, la transposition du début aurait pu davantage être interprétée en huitième mode.
La mélodie telle qu’elle est écrite dans le Graduel de Bellelay est complètement inédite. Il est cependant difficile de déterminer si le changement de transposition était musicalement admis par le notateur ou s’il est dû à une interprétation spontanée d’une leçon équivalente en terme de solmisation. Cette deuxième perspective laisserait supposer que la transposition de la quarte à la quinte se serait effectuée de manière involontaire. Il n’aurait pas perçu ce décrochement et aurait respecté un dessin global communément admis. Si cette hypothèse- déjà posée lors de l’analyse de la communion Amen dico vobis quod uni, est séduisante, rien ne permet de l’accréditer avec certitude.
Jocelyn Chalicarne