La réunification des versets d'alleluia Resurrexit Christus et Clamaverunt dans une unique pièce au sein du Graduel de Bellelay est originale. Les deux versets sont construits sur le même timbre musical. Circonscrit à l’aire géographique du nord-est de la France, cet alleluia se retrouve dans d’autres configurations. Le manuscrit d’Arras (BM 437, f° 68v) le donne avec le seul verset Clamaverunt1. Le missel d'Andenne <Andenne 2>, XIIIe s. (Namur, Musée diocésain ms. 2) ne donne que le verset Resurrexit Christus placé à la troisième férie de la semaine pascale, « ad font. ». Andenne 1 consigne les deux versets sous la forme de deux alleluia indépendants pour l’octave pascal. Le missel prémontré conservé à Paris (BnF lat. 833) présente une autre particularité : ces deux versets sont enchaînés mais dans l'ordre inverse et uniquement dans le Sanctoral pour les messes de saint Vital et des saints Tibert et Valère. Le Graduel Romain ignore cette pièce. De même, d'autres manuscrits médiévaux tel le Graduel de Saint-Yrieix, le Tonaire de Saint-Bénigne de Dijon ou d'autres sources plus locales comme Verdun 759.
L’alleluia avec ses deux versets Resurrexit Christus/Clamaverunt est utilisé pour le temps pascal dans le Graduel de Bellelay. Le graduel d’Andenne (XII-XIIIe s.) <Andenne 1> (Namur, Musée diocésain ms.1) les donne aussi pour ce temps liturgique, mais séparément. A Bellelay, la pièce est réemployée dans le Sanctoral, partiellement ou intégralement selon les fêtes (cf. description des feuillets 298, 300, et description des feuillets 301, 303 et 304 dans la pièce Clamaverunt). Dans les autres sources, seul l’usage de cet alleluia pour le Sanctoral est connu.
Selon les offices, la présentation de cet alleluia diffère : alleluia avec les deux versets Resurrexit Christus/Clamaverunt, alleluia Clamaverunt seul, alleluia Clamaverunt/Resurrexit Christus. L’ajout postérieur du verset Resurrexit au verset Clamaverunt implique que leur réunification n’allait pas de soi pour le notateur et nécessitait une indication spécifique.
La logique de la pagination à laquelle elle se réfère s'établit par office et non par feuillet. L'alleluia Resurrexit Christus/Clamaverunt intervenant le samedi de l'octave de Pâques ne fait pas l'objet d'une numérotation spécifique sinon celle de tout le bloc liturgique concernant les messes des féries de l'octave de Pâques (numéro LXXV, feuillet 214). Le numéro LXXV est un référent abrégé et aisément mémorisable de l’ordo liturgique ; sa simple mention suffit donc à renvoyer explicitement à la zone liturgique souhaitée dans laquelle se trouve la pièce incriminée pour pouvoir la retrouver.
Par ailleurs, certains numéros de renvoi sont inexacts, comme fréquemment dans les sources médiévales (cf. description des feuillets 298, 300 et feuillet 301 dans la pièce Clamaverunt).
Notes