Commentaires  

L’histoire complexe d’une pièce

Chanté lors de la cinquième férie de l’octave de Pâques, l’alleluia Surrexit Christus et illuxit a été sommairement gratté. Ce texte est réutilisé lors de la messe du samedi de cette même semaine, mais avec une mélodie différente. La mention de cette pièce se retrouve en remplacement de l’alleluia originellement écrit pour la messe de saint Georges avec la seule mention de l’incipit littéraire. A priori, il serait donc impossible de savoir à quelle version de la pièce (I ou II) il renvoie exactement (voir description du Feuillet 298).

Il est inhabituel de rencontrer deux versions de l’alleluia Surrexit Christus et illuxit dans un même manuscrit. La version mélodique couramment transmise est la première, celle chantée lors de la cinquième férie de l’octave de Pâques : la mélodie est construite sur le timbre de l'alleluia Eripe me comme le montre l’exemple suivant.
Incipit Eripe me

Alleluia, Eripe me (incipit)

Incipit Surrexit Christus I
Alleluia, Surrexit Christus et illuxit I (incipit)

Le catalogue des alleluia édité par Karl Schlager1 indique cette adaptation du texte plus une autre, sur la mélodie de l'alleluia Fulgebunt justi. Le manuscrit de Gerona (Gerona, Museo Diocesana S.M. S. 410) le mentionne avec toutefois la variante littéraire « Surrexit Dominus de sepulchro et illuxit... ».

Ce texte est également transmis avec deux versions mélodiques originales. La première a été référencée dans des sources allemandes: Berlin, Staatsbibliotek PrKb mus. 40589 1 et Regensburg, Staatbibliotek Lit. 19, f° 95v2.

La deuxième, seconde version dans le Graduel de Bellelay, est plus rare et confinée à l’aire géographique du nord-est de la France et du sud de la Belgique comme par exemple dans le manuscrit de Verdun (Bibliothèque Municipale 139, f° 36) ou encore dans le graduel d’Andenne (Namur, Musée diocésain ms.1, XII-XIIIes. <Andenne 1>). Ce dernier est le seul à mentionner les deux versions mélodiques identiques au Graduel de Bellelay. Le missel noté d’Andenne (Namur, Musée diocésain ms.2, <Andenne 2>), postérieur au premier (XIIIe s.), ne connaît plus que l’alleluia Surrexit Christus et illuxit I.

A Verdun, l’alleluia Surrexit Christus et illuxit II est également en rapport avec le texte de l'alleluia Confitemini Domino quoniam bonus.

Notes

1 SCHLAGER, Karleinz, Alleluia-Melodien II ab 1100, Kassel, 1987, « Monumenta Monodica Medii Aevi », VIII, p. 802
2 op. cit.

Jocelyn Chalicarne